Crowdfunding : quelles opportunités pour les banques ?

Les plates-formes de financement par la foule fleurissent. Elles répondent à un réel besoin de trouver des financements alternatifs et permettent aux investisseurs de trouver une rémunération attractive ou de donner du sens à leur argent. Analyse. Extrait de Point Banque numéro 116. REPRODUCTION INTERDITE. PUBLIE AVEC L’AUTORISATION DE POINT BANQUE.

Dans ce premier épisode nous verrons le développement du secteur et ses ressors.

Peu de secteurs connaissent une telle croissance. Le volume des fonds collectés a explosé en moins de trois ans. En 2012, ils étaient de 2.7 milliards de dollars. En 2015, ils atteignaient 34.4 milliards de dollars à l’échelle mondiale selon massolution.com. C’est une croissance de 30 millions par jour. Le secteur pourrait atteindre 100 milliards d’euros d’ici 2025, d’après Info dev de la Banque mondiale.

Le crowdfunding est un financement innovant pour soutenir les entreprises

Le crowdfunding est un financement innovant pour soutenir les entreprises et projets

En Europe, ce marché représenterait environ 4.2 milliards d’euros en 2015 contre 1.6 milliards d’euros en 2014. Il reste cependant résiduel par rapport aux financements classiques. Cependant, il représente une menace pour le secteur bancaire.

Une étude de Goldman Sachs sur le sujet évalue à plusieurs milliards de dollars le montant susceptible d’échapper aux banques. En France, le secteur progresse fortement mais dans une moindre mesure par rapport au Royaume-Uni, qui reste loin devant, tant en termes de montant des fonds levés que de nombre de projets financés.

Les plateformes françaises proposent majoritairement des prêts

Environ une centaine de plateformes de financement participatif exercent dans l’Hexagone. Il s’agit en majorité d’intermédiaires en financement participatif sous forme de prêts. Un tiers d’entre elles effectuent du conseil en investissement participatif. Et quatre plates-formes disposent des deux statuts. « Les montants collectés ont doublé en 2015 par rapport à l’année précédente pour atteindre 297 millions d’euros, dont 197 millions en prêts, 50 millions en achats de titres et 50 millions en dons. Mais ils sont encore limités au regard des besoins de financement des entreprises », constate la Banque de France dans la Revue de la stabilité financière.

Deux segments tirent principalement les volumes : le prêt aux entreprises et aux particuliers, et le crowdfunding immobilier. Ce dernier représenterait environ 50 millions d’euros avec 26 plates-formes.

Alors en quoi consiste le financement participatif ? Il vise à lever des fonds auprès du grand public pour financer un projet par le biais de plates-formes web. Elles permettent aux particuliers, collectivités, associations, entreprises… d’acquérir des financements et d’interagir avec les donateurs. Les contributions des investisseurs peuvent être réalisées sous forme de dons avec ou sans contrepartie, de prêt ou de participation en capital.

Quelles sont les raisons du succès ? Tout d’abord, la demande de crédit est forte. Les entreprises, notamment les plus petites, et les créateurs d’entreprises manifestent des besoins en financements et sollicitent des sources alternatives aux réseaux classiques. La croissance rapide de l’épargne et son stockage restent également des éléments déclencheurs. Les rendements faibles des placements classiques stimulent aussi le secteur. Enfin, les avancées technologiques permettant de nouvelles prouesses, notamment en P2P, facilitent l’émergence de nouveaux acteurs.

Des avantages nombreux

Par ailleurs, le crowdfunding représente beaucoup d’avantages. «Il peut être un moyen rapide pour lever des fonds avec potentiellement peu d’exigences réglementaires ; il peut être rentable et peut produire un bon rendement pour le prêteur ; et son marché potentiel est seulement limité par les barrières d’accès à la plate-forme et les restrictions liées à la réglementation », affirme un document de Global Partnership for Financial Inclusion à destination des décideurs du G20.

En un mot, le système est attractif et relativement simple. En quelques clics, un porteur de projets peut soumettre à tous son projet par les canaux numériques. En un instant, l’investisseur peut le soutenir avec l’ambition d’une rémunération attractive ou une contrepartie.

Les plates-formes touchent des milliers, voire des millions de personnes qui investissent ou donnent de l’argent à des porteurs de projets qu’ils n’ont jamais rencontrés. Le modèle économique est également clair. La plateforme – si le projet a décroché la somme dans les délais – empoche généralement une commission sur le montant sollicité.

De nouveaux marchés sont désormais couverts

Les résultats du financement des projets sont également bons. Plus de 500 000 projets seraient concrétisés chaque année au niveau européen, alors que sans ces solutions alternatives, ils ne pourraient aboutir.

Ce sont généralement des structures, innovantes, de petites tailles ou placées sur un marché de niche ou culturel, qui ne sont pas nécessairement financées par les circuits traditionnels qui peuvent accéder ainsi à un financement. A titre d’illustration, le groupe de musique Celkilt a collecté 10 000 euros sur kiss kiss bank bank pour financer son nouvel album en quelques jours.

Des plates-formes américaines comme kickstarter.com auraient financé plus de 113 000 projets et apporté plus de 2.3 milliards de dollars de financements, notamment pour des activités liées à l’art, le design ou la musique ou les loisirs. Autre élément singulier, le crowdfunding repose sur la confiance entre un prêteur et un porteur de projet.

Celle-ci est rendue possible grâce aux échanges mais aussi à des évaluations des projets, la corrélation d’informations issues des réseaux sociaux, la mobilisation de réseaux ou de compétences animées par des affinités communautaires, relationnelles, territoriales, outils de scoring ou de réputation…

Cette confiance est traduite en investissements. C’est ainsi que la plate-forme US SoFi dispose de 165 000 membres capables de réagir rapidement sur les projets et qui auraient investis 12 milliards de dollars sous forme de prêts.

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Patrice REMEUR